Les PUYRIGAULT (ou Puyrigaud) deviennent seigneurs de Mesnac, non immédiatement après le départ des Beaumanoir en 1490, mais, selon dom Bétencourt (Noms féodaux…, page 787), en 1495, par achat au comte d’Angoulême. En fait, ils sont déjà seigneurs de Chazotte, qui se trouvait dans Cherves, près de la limite des deux paroisses et tenant à la Métairie vieille qui a dû en absorber les restes. Il n’en subsiste plus que le moulin, de l’autre côté de la voie supposée pré-romaine. Sur une carte de 1760 environ, le château est signalé comme « ruiné » et les derniers vestiges, murs et douves, ont été arasés dans les années 1950 pour planter de la vigne.
Le nom Chazotte est un diminutif de casa : petite maison, cabane (de métayer ?).

Les armes des Puyrigault, qui pourraient être reprises par la commune de Mesnac, étaient « d’azur à la croix d’or, cantonnée de vingt mouchetures d’hermines d’argent » – de seize selon la comtesse de Miossens.

Le fonds Beaumont (535-156, ci-après abrégé en FB) contient la copie d’un mémoire de la comtesse de Miossens, rédigé en 1713 ou 1714 et qui donne une généalogie détaillée des Puyrigault. Le berceau de la famille est le Puyrigaud proche de Léoville, fief du Petit Angoumois mouvant de Montausier, et les Puyrigault se prétendaient d’ailleurs issus des seigneurs de Montausier (dossier Chesnel du fonds Beaumont, 535-42), ainsi que des « vicomtes d’Aulnay » dont la sœur, Anne, aurait épousé un Humbert de Puyrigaud en 1254 – ce serait donc une Mortagne. Ce fief de Puyrigault était passé à des Goulard au début du XVIe siècle, qui le transmirent aux Jousserand. Est-ce qu’une branche aînée des Puyrigault l’avait conservée jusque là ?
Le dépouillement du fonds Frétard par Pierre Collenot fournit d’autres données, que nous signalerons par la mention FF.

La principale découverte est celle de l’ancienneté de Chazotte, qui remonte au plus tard aux années 1380, et probablement bien plus tôt puisque Ménard de Puyrigaud en prend possession grâce à son mariage avec une héritière : celle des ERVOIS (Irvois, Hirvois ?), qui ne semblent pas être autrement connus.

EXTRAIT PAR TITRES DE LA GENEALOGIE ET ANCIENNE EXTRACTION DU SANG DE PUYRIGAUD
Premièrement Menard de Puyrigaud étoit seigneur de Puirigaud et de la Motte prez de Montauzier, il épousa Yvette Ervoise, dame de Chasottes, comme il se justifie par une enqueste faite devant le juge de Montauzier, où il paroit qu’il eût deux enfans, Pierre qui fut seigneur de Chazottes et Jeannet. L’enqueste est de l’an 1436 [ou 1456 ?].
Il paroit par deux transactions passées entre ledit Menart, comme procureur de laditte Yvette Ervoise, et Huguet d’Argenton, que laditte Yvette était dame de Chasottes, il prend la qualité d’Ecuyer l’an 1391.
Il paroit encore que ledit Menart étoit seigneur de Chasotes a cause d’Ervoise par deux dénombrements rendus au Roi Charles VI, l’un en latin, l’autre en françois datté de l’an 1385 et 1390.
Laditte Yvette fut mariée en secondes noces avec Gardras Heraud comme il paroît par un dénombrement rendu de la seigneurie de Chasotes l’an 1401…

Ivette Ervoise, Dame de Chazottes et de Chermans, terres qui relevaient du Comte d’Angoulesme…

Le fait que les Puyrigault devinrent ultérieurement seigneurs de Bois-Charmant m’avait incité à faire fi de l’indication, donnée par Mme de Miossens, selon laquelle Ivette Irvoise était dame de Charmant. Je soupçonnais une confusion. Or il semble bien qu’Ivette ait été l’héritière des seigneurs de Charmant, ou Cherment / Charmens / Chairmens. Dans son dénombrement de 1441 (très imparfaitement transcrit dans le fonds Frétard), Pierre, fils de Ménard de Puyrigault et d’Ivete Irvoise, mentionne en effet :

Sous François Ier (peut-être dans les années 1530), son descendant Jean énumère plus ou moins les mêmes terres et habitations, et cite aussi Guillaume de « Chairmens » – mais non Pierre :

Le dénombrement rendu par le prieur de Gandory en 1562 semble démontrer que Pierre de Charmans possédait Chazotte (ainsi que la terre « de Bron », qui reste à localiser mais qui devait se trouver sur le territoire de Cherves) :

Même si la précision manque, on peut d’ailleurs supposer que la plupart des biens énumérés par Pierre de Puyrigault lui venaient des Charmant par héritage. Les derniers cités, situés dans les paroisses de Salles et Genté, semblent de fait correspondre plus ou moins à ce que les dénombrements rendus en 1496 par Jacques de La Madeleine et en 1502 par son gendre Jean de Bremond de Balanzac (AHSA 1899, p. 183 à 192 et 195 à 207) dénomment « terres des Charmens », « fieu des Charmens » ou, plus précisément, « le fieu de feu messire Pierre de Chermens, chevalier » (p. 204) et « les choses que Guillaume de Cherment, nepveu dudit Pierre Bremond, souloit jadis avoir en laditte paroisse de Gensac et de la palu » (p. 206). Les mêmes terres sont mentionnées dans un aveu du prieur de Merpins daté d’après 1500 – ce qui ne signifie pas qu’il y eût encore des Charment vivants (AHSA 1887, p. 200), ces aveux et dénombrements pouvant faire référence à des personnes disparues depuis longtemps, en fonction de la date des titres. L’oncle Pierre Bremond pourrait avoir été le gouverneur châtelain du château de Cognac, exécuteur testamentaire de Gui de Lusignan (1281) mais, entre 1150 et 1450, les Bremond aussi recouraient presque uniquement aux prénoms Pierre et Guillaume…

Pierre (ou un Pierre) était en tout cas déjà actif à Cognac au milieu du XIVe siècle : une lettre du pape Clément VI à l’évêque de Saintes, datée de 1346, annonce que « notre aimé fils, noble homme Pierre de Charment, damoiseau de ladite ville de Cognac » (dilectus filius nobilis vir Petrus de Charmento domicellus dictæ Villæ de Compinaco) a, par dévotion et pour le salut de son âme, offert aux Frères mineurs un emplacement et des maisons à l’intérieur de la ville (territorium et domos infra muros dictæ Villæ), pour les reloger après que leur maison située hors les murs eut été détruite du fait de la guerre.

Le Livre des fiefs de Guillaume de Blaye, évêque d’Angoulême de 1273 à 1307, porte mention de plusieurs Charmenz : outre un Hélie, dans la châtellenie de Montmoreau, « Petrus de Charmenz, valetus », qui rend hommage de ses possessions dans la paroisse de Voilhazaco [Voulgézac, canton de Blanzac] et autres lieux ; « Guillelmus de Charmento, valetus », faisant de même pour ce que lui et ses prédécesseurs tiennent depuis longtemps (« de antiquo ») dans le bourg et paroisse de Roffiaco [Rouffiac en Plassac, canton de Blanzac]. Ils sont également cités (« P. de Charmento » est cette fois qualifié de miles) à Chavenat. Le tout au titre de la châtellenie de Villebois (SAHC, 1904, pages 230-231). Voulgézac et Rouffiac sont proches du Charmant que certains ont voulu identifier à Sarrum et qui est en tout état de cause sur le chemin Boisné, l’ancienne voie romaine qui reliait les deux châtellenies historiquement apparentées de Villebois et de Cognac. Ajoutons qu’on ne connaît d’autres seigneurs de Charmant, avant les Fédic/Feydicq, que les Vigier, qui semblent ne s’y être installés que quelques années après 1400 (premières mentions trouvées en 1408-1409), soit après l’extinction de la famille de Charmant.
En 1345, Jean, comte du Poitou, donne à Guillaume de Charmans, chevalier, des terres confisquées aux rebelles, « pour le dédommager de sa maison et de ses bois situés dans la châtellenie de Blanzac (Charente) qui avaient été pillés et incendiés » (Beauchet-Filleau, sub Goyas [Pierre de, de Monte Agressia, Montagrier ?], d’après Dom Mazet). En revanche, en 1361, après le traité de Brétigny, Chandos, lieutenant du roi d’Angleterre, reçut, parmi une multitude d’autres, le serment de « foyauté » de messire Hugues de « Cherment », à Angoulême (Mémoire de la société de statistique des Deux-Sèvres, 1866, p. 180).
Si l’on remonte encore dans le temps, on trouve mention d’un « Peter de Charment » dans les Patent Rolls of the Reign of Henry III : « Safe-conduct, for one year from Michaelmas, for Iter Burreaus, man of Peter de Charment, for him to come with his merchandise to trade in the king’s power  » (Bordeaux, 15 septembre 1242). Faut-il le rattacher à la même famille ? Cette option est en tout cas exclue pour l’évêque d’Angoulême Raoul, mort en 1247 ou 1248 : son nom était de Charmont (de Caromonte) et il était originaire de Bayeux (Michel Béziers, Histoire sommaire de la ville de Bayeux, p.203). En revanche, on trouve des Hélie de Charment (au moins deux, semble-t-il) parmi les moines de Saint-Cybard (Pouillé de Nanglard, SAHC 1893, pages 135, 147, 167 et 178).

Repartons maintenant en avant. Il existait, on l’a vu, un « hôtel de Charmant » à Cognac. Dans Châteaux, logis et demeures anciennes de la Charente (Bruno Sepulchre, 2005), Jean-Paul Gaillard écrit : « Le 23 juin 1682, Jean Brun, marchand à Cognac, prend en ferme la seigneurie du Charmant sise en la ville de Cognac, avec « l’hostel noble ». Les locaux appartiennent alors à Anne de Menour, veuve de Charles Gondrain, seigneur de Charmant… » (p. 276). Anne de Menours, fille de jardinier, était en fait la nièce de Jacques Boyceau de la Barauderie, angérien qui dessina les parterres du Palais du Luxembourg et du premier Versailles. Son mari, épousé en 1657, s’appelait Charles Gendrault (et non Gondrain) et était fils de Jean, échevin de La Rochelle, seigneur de Savarit, nommé gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi en 1644, et qui tenait Charmant de son mariage (avant 1612) avec Marie de Puyrigault, fille de Jacques, seigneur de Charmant, et d’Isabeau de Balodes, dame du Bois (Les Nouillers). Si l’on se fie à Mme de Miossans, en effet, une branche des Puyrigault aurait continué de porter le titre de seigneurs de Charmant, comme rattaché désormais à la maison noble de Cognac, et tout indique que le nom de Bois-Charmant, qu’on trouve parfois sous la forme de « Bois de Charmant », est postérieur au mariage Balodes-Puyrigault, perpétuant sous une nouvelle forme une seigneurie « migrante ». De fait, lorsqu’ils sont trancrits sous leur forme originelle, les titres du comté de Taillebourg, tels qu’ils sont cités dans AHSA (XXIX, 1900, pages 182-183), ne faisaient mention que du Bois jusqu’à Arnaud de Balodes compris. Voir, pour quelques éléments supplémentaires, mon article sur « la dissémination du toponyme “Charmant” » sur le site Histoire-Passion.

Une fois admise l’existence de seigneurs de Charmant, on pouvait être tenté d’interpréter Ivette Ervoise comme un prénom double – la forme féminine d’Yves-Hervé. Mais une indication figurant dans le dénombrement rendu par Jean de Puyrigault atteste de l’existence d’une famille Yrvois, liée aux Puyrigault par une relation de parsonnerie, ce qui peut impliquer des liens familiaux :

Des Yrvoix sont mentionnés à Angoulême, et en nombre. Rien n’indique qu’ils aient été à l’époque autre chose que bourgeois – bouchers ou mouleurs de chandelles, deux métiers en lien étroit. Toutefois, l‘Intermédiaire des chercheurs et des curieux de 1917 (n° 1473, vol. LXXVI, p. 412) distingue dans cette famille :

Voir aussi BSAHC 1870. Un Jean Yrvoix a été précisément l’un de ces pairs en 1499-1501 (Réunion des sociétés des beaux-arts des départements, 1890, p. 707). Quant à la mention faite par dom Bétencourt de son homonyme de 1381, elle porte sur la vente par ce Jean d’un « emplacement près des murs de Cognac », à un marchand dénommé Bernard Morel (reg. 1404, p. 225).

Quoi qu’il en soit, si Ivette était dame de Charmant, il faut supposer qu’elle était fille d’un Irvois ayant épousé l’héritière des seigneurs de ce nom.

Le tableau que nous donnons ci-dessous résume un exposé long et méandreux, qui n’est pas dépourvu de curiosités (ainsi Gilles de Puyrigaud et sa mère devenue veuve auraient convolé le même jour avec la fille et le père), mais qui comporte aussi des invraisemblances plus ou moins fortes : ainsi faut-il admettre que François se soit marié 50 ans après ses parents ? Cela n’a rien d’impossible, mais on peut aussi se demander si une génération n’a pas été sautée.

Ménard a rendu trois dénombrements entre 1382 (FF) et 1390 (FB), et serait donc mort entre 1391 et 1401. Quant à Yvette (ou Ivette), remariée, elle vivait encore en 1413, à en croire une notice de Dom Bétencourt (Noms féodaux…t. II, p. 259) : « IRVOISE (Yvete) : Damoiselle, déguerpie [veuve] de feu Ménard de Puyrigaud, et Perrin de P., leur fils, renoncent à une partie du Bois-Charpentier, que Graciot Douhet, bourg(eois) de Cognac a prouvé lui appartenir : Angoul. 1413 (reg. 1405, p. 559) ».

Pierre a rendu des dénombrements en 1441 et 1445, mais a peut-être vécu jusqu’en 1461 (Bulletin de la SAHC, 1860, 3ème série, t. 2, page 71), date où un personnage de ce nom a vendu au comte d’Angoulême des rentes sur le minage de Cognac – ce serait toutefois lui attribuer une belle longévité et il s’agissait peut-être d’un de ses fils, auteur de la branche de l’Isle.

Jean, en tout cas, est attesté à partir de 1463 (FF, B6 : « acte de concession des droits de justice dans la seigneurie de Chazotte »). Il reparaît en 1472 (reçoit l’hommage de Vignolle), en 1476 (dénombrement) et en 1487 ; il meurt avant 1497 (date à laquelle sa femme se remarie selon FB), et sans doute au plus tard en 1496 (date d’un aveu rendu par son fils Gilles) ; l’inventaire de ses biens est dressé en 1499 (FF, B8). Il serait donc l’exact contemporain de Charles d’Angoulême.
C’est le seul Puyrigaud à qui on connaisse un office : celui d’écuyer tranchant puis de maître d’hôtel de la comtesse.
C’est également lui qui, en 1495 donc (cf. supra), achète du comte d’Angoulême la terre et seigneurie de Mesnac – dont les « droits de jurisdiction » lui auraient déjà été attribués en 1487 ? (cf. FF, B7, contenant quelques éléments douteux). Chazotte s’étend ainsi quelque peu vers le nord mais la seigneurie s’est divisée au profit des deux autres fils de Pierre : se sont en effet constitués un fief du Courtil, au profit de Guyot puis de son fils Antoine (se prolongeant peut-être plus tard jusqu’à Plumejeau et passé aux Ribier (note 1), il ne sera réintégré dans l’héritage qu’en 1617 : FF, M & N6), et un fief de l’Isle, au profit de Pierre ou, en tout cas, de son fils André (voir le dossier consacré à l’Isle).

Les Puyrigaud sont aussi propriétaires, au milieu du XVe siècle, de Boisroche (Jean-Paul Gaillard, in Châteaux, logis et demeures de la Charente, éd. Sépulchre, 2005, page 257) et de Richemont : Jean en aurait rendu hommage selon P. Lacroix, qui suppose que ce fief passa ensuite aux cadets de la famille avant d’être racheté par les L’Estang en 1619. En fait, de la liasse H du fonds Frétard, il semble ressortir que les Puyrigaud et les L’Estang étaient parageurs en 1578 (H4), les seconds étant dits seigneurs de Dion et Richemont dès 1557 (H2).

Gilles se marie en 1497, ce qui lui procure la seigneurie de Villeneuve (dépendant auparavant des Garnier de Nieul-sur-Charente, selon Beauchet-Filleau). Il rend hommage pour Chazotte en 1496 et 1527 et est mort en 1544 au plus tard puisqu’à cette date est enregistré un « contrat de partage passé entre messire(s) Jean, François, Jean, Michelle et Izabeau de Puirigaud des biens à eux délaissés par fut (feu) Gilles de Puirigaud ecuyer et demoiselle Jeanne Garnier leurs père et mère » (FF, D1). Apparemment, François eut Chazotte, le deuxième Jean obtint Villeneuve et le premier Besne ou Baine, en Saint-Seurin d’Uzet. En fait, entre Jean n° 1 et François, la distribution originelle est sans doute à inverser puisque (FF, B12), dans la même année, les deux frères s’échangèrent leurs seigneuries. Resterait à savoir d’où Baine était venu à Gilles, qui en aurait été seigneur en 1503.
Deux autres fils ne figurent pas dans ce partage : Germain et Pierre. Cela s’explique pour le premier : il avait été reçu chevalier de Malte en 1535 (Cf. Vertot). Le second était-il mort ou dans les ordres ?
Par ailleurs, dom Bétencourt mentionne pour 1505 un « Gilles de Puyrigault, écuyer, Sr de Chazotes, pour lui, François son frère, et Marie Gombaulde, Damoiselle, sa mère », ainsi qu’une Jeanne de Puyrigault (une de ses tantes ?), qui auraient vendu ensemble, en 1506, leurs droits au port saunier de Cognac au comte et à la comtesse d’Angoulême.
Mais peut-être Gilles était-il déjà décédé en 1533 : cette année-là, un Jean, « seigneur de Chazotte », aurait reçu « l’hommage rendu par Jean de Montalembert, seigneur de Coulonge, de son fief de Vignolle ». Il est vrai que la date figurant sur l’acte de partage, 1544, peut être en fait celle de l’expédition (copie). 

Un autre « noble homme Jean de Puirigaud, écuyer, seigneur de Chazotte » conclut en 1563 une transaction, à propos de droits de passage, avec Clément Ribier (1), du Courtil  (FF, H2). Est-ce le même, et où le situer dans la généalogie ? On se contentera pour l’heure de signaler la difficulté, qui tient peut-être à l’omission d’une génération entre Gilles et François et à des confusions de prénoms et/ou de dates…

 

François, qui se serait marié en 1547 (avec Antoinette, 16e et avant-dernier enfant de Philippe de Barbezières !), est connu pour un échange, portant notamment sur le pré « Galan », effectué en 1563 avec Clément Ribier, seigneur « du Courtis et de Plumejeaud » (FF, B14) ; en 1560, il était en procès avec Aymar de Montils, seigneur de l’Isle. Il est décédé avant 1607, date où sa fille Renée (elle-même décédée au plus tard en 1612) fait hommage de la terre et seigneurie de Chazotte (FF, B16) et du fief de la Bidonnière en Saint-Sulpice (FF, J3), acquis en forme de retrait lignager en 1549 (FF, Q).

Contrairement à ce qu’écrit P. Lacroix, Renée n’était pas dame de Mesnac (même si le possesseur de la seigneurie lui devait probablement hommage). Outre qu’une partie de la paroisse était comprise dans la seigneurie de l’Isle depuis Pierre de Puyrigault probablement et que Vignolles était un arrière-fief concédé aux Montalembert de Coulonge, la seigneurie ne fut rachetée que par Charles Chesnel, son fils – au tout début du XVIIe siècle sans doute, la grande période de ses acquisitions se situant vers 1617-1620 – à Élie Razin, seigneur du Fief en Genouillé, qui détenait au surplus La Roche où sera bâti Château-Chesnel (FF, F5 et 6).

Elie Razin, fils ( ?) de Charles, sieur du Chapeau-Rouge et maire de Saint-Jean d’Angély en 1553 (Bulletin de la SAHSA, 1879, page 165), avait épousé Marguerite de Puyrigaud, fille de Jacques, devenu par mariage seigneur de Bois-Charmant. Il faut donc supposer que ce dernier aurait légué Bois-Charmant à son fils (Jean, † en 1627) et Mesnac ainsi que La Roche à sa fille. Le fonds Frétard contient bien l’expédition d’un contrat d’échange de 1565 (FF, C7) entre ledit Jacques et « messire de Régnier, seigneur de Veaugombe (Vaujompe) », ce dernier lui cédant « la seigneurie et terre de la Roche de Cherve avec toutes les pêcheries qu’il peut prétendre des grandes eaux descendantes au pont de Saint-Sulpice » contre « le pré du Pontail en Saint-Sulpice près Coulonge ou autrement le pré des Bergerons ». Mais Mesnac n’avait pas fait l’objet d’un achat : cette terre avait été attribuée en partage à François, frère de Gilles et père de Jacques, ainsi que la seigneurie de Charmant qui n’avait donc pas dû quitter la famille depuis Ivette Ervoise. Ce François, attesté en 1507 et 1524, apparaît aussi dans un procès pour infanticide, qu’il jugea en 1533 – comme seigneur de Mesnac, il était en effet « altus judex » pour Saint-Sulpice, Mesnac et Cherves : voir Marion l’effrontée, par Pierre Collenot (à paraître) et Gustave Dupont-Ferrier, Quae fuerint (…) in Engolismensi “apanato” comitatu Instituta (1445-1515), 1902, p. 142.

L’histoire des Puyrigaud est ainsi, pour une large part, une succession de partages, de démembrements que Charles Chesnel va s’employer à réparer en constituant un domaine continu de Plumejeau à Mesnac. Nous abandonnons donc cette famille avec Renée qui épousa en 1568 ou en 1573, selon les sources, François Chesnel, et qui, assez rapidement veuve, se remaria en 1584 avec Marin Beaudouin, seigneur de Fleurac, lui-même veuf de Françoise de La Rochefoucauld-Montendre. Relevons cependant que les fils nés de ses deux mariages, Charles-Roch Chesnel et Léon Beaudouin, se trouvèrent à la même époque construire deux châteaux semblables : Château-Chesnel et Fleurac.