Il y eut un temps des métairies, à Mesnac comme à Cherves.

En 1620, Charles Chesnel acheta à Jacques de Puyrigault, seigneur de Charmant, ses terres de Mesnac et de La Roche. Dans ce dernier lieu, il fit bâtir Château-Chesnel (qui ne date donc pas de 1610), et abandonna alors son château de Chazotte, dont au moins une partie des bâtiments fut transformée en métairie – la Métairie vieille -, avec les terres environnantes. L’Isle, acquise par Josias Chesnel en 1655, subit le même sort mais, cette fois, les terres furent partagées entre deux métairies au moins. 
Père et fils avaient, par ces acquisitions et d’autres (notamment celles de Plumejeau, comprenant le Courtis, en 1617 et de Vignolle en 1656), arrondi leur domaine, qui finit par s’étendre du Véron au Pont de Saint-Sulpice. Dans un souci de rentabilité sûrement, ils découpèrent ce territoire en métairies, ravalant à ce rang les petits manoirs de bord de rivière (Chazotte, l’Isle, le Courtis) au profit du seul Château-Chesnel, construit sur une éminence. En y comprenant celles que nous venons de citer, on dénombrait huit métairies à la veille de la Révolution : 
– dans Mesnac, la métairie du logis de l’Isle, l’ex-métairie de l’Isle près de Vignolle (d’où parfois une confusion des dénominations), la Borderie au sud du bourg et la Métairie neuve près de Chazotte.
– dans Cherves, outre la Métairie vieille, la métairie des Noirs (ou des Nègres), la métairie du Courtis et la métairie de chez Boisnard.
À ces exploitations hors préclôture s’ajoutait le moulin de Chazotte, à cheval sur les deux paroisses, mais compris pour l’essentiel dans Mesnac.

Trois documents nous renseignent sur la consistance de ces métairies :
– un relevé de 1780 énumérant toutes les parcelles dépendant de Château-Chesnel. La ou les premières pages ont disparu, mais cela n’affecte que l’éventuel intitulé du document et les dix premières parcelles de la préclôture. Les indications de superficie – approximatives et d’ailleurs toujours assorties de la mention “ou environ” – et les confrontations fournies par cette pièce nous permettront de dresser in fine une sorte de cadastre, certes partiel mais laissant deviner les contours sud de l’ex-seigneurie de l’Isle.
– un « procès-verbal des bastimens et domaines et estimation du bestail compris dans la ferme du Château Chesnel » réalisés en 1788 lorsque Mme d’Écoyeux entreprit d’affermer une partie du domaine aux « sieurs Broussard de Livenne et Frannaud ». Ce document ne concerne pas toutes les métairies, mais fournit des éléments intéressants sur les bâtisses, les cultures et le bétail.
– l‘inventaire dressé l’année précédente après le décès de Louis-Alexandre Frétard d’Écoyeux ne fait guère que préciser la composition de ce bétail, et on fera grâce de la couleur des bœufs et vaches !

LEXIQUE

Borderie : petite métairie.
Chénebard : chènevière.
Douë : douve, fossé.
F(e)urne : vanne, écluse (Jônain) « Une furne (ou feurne) est un dispositif coupant à volonté le cours d’une rivière. Fait avec des pierres ou de la terre, ce système permettait de passer à gué et de freiner la force de l’eau. On retrouve ce dispositif sur la Soloire, près du pont de la Furne… » (site de Ph. Dumas sur Boutiers). A. Thomas (Romania, 1908, vol. 37, p. 123) énumère trois acceptions qui correspondent à trois aspects d’un dispositif de ce genre : vanne de l’écluse d’un moulin, filet qu’on adapte à l’ouverture de cette vanne et planche formant pont extérieurement à la vanne ; et, s’appuyant sur Du Cange, avance que le sens premier pourrait être : réservoir à poisson creusé en dehors de l’écluse, à l’orifice de la vanne : le mot, sous la forme *foderne, dériverait de « fodere », fouir, comme « caverne » vient de « cavere »,creuser..
Héraud (ou aireaux) : cour, terrain vague autour d’une habitation.
Motte : le mot a deux sens : “Petite terre marécageuse, humide, entourée généralement de fossés pleins d’eau” ou “monticule de terre”, tertre, butte ou terrier. Le dérivé motards suggère un champ où la terre, lourde, ne s’émiette pas, reste compacte.
Nauve (ou noue) : bourbier, terrain où l’eau stage, voire mare.
Ouche : “petit terrain [clos et cultivé] attenant généralement à des bâtiments [ou] petit verger entouré de haies ou de fossés” (Glossaire de G. Musset).
Parsonnière (terre) : en possession partagée.
Rouchail : roselière ; les rouches (carex) servaient notamment de litière pour le bétail.
Terrage (ou champart) : prélèvement en nature, en général de céréales, que le seigneur devait faire effectuer sur le champ, au moment de la récolte (il était “quérable”, et non “portable”). Un prélèvement du sixième était, semble-t-il, un maximum.
Vesne : bras de rivière ou canal ?

L’étendue des terres est de 50 journaux, non compris les « prés vergnée[s] », et leur revenu (total ou celui du seigneur ?) s’établit à 290 livres. Le métayer se nomme Jean Priolleau ou Priauleau.

 consistancesuperficie valeurau levantau couchant au nordau midy
 A. En la prairie des Oeillau3 prés contigus 5 jx  1 000 £  ? pré de la Bordrië pré de la Bordriëpré de la Bordrië 
 B. Aux Seures près le bourgpièce de terre 2 jx (les 3/4 en agrière au six des fruits envers le prieuré et le surplus estant dans les rantes desdits sgrs) 450 £ route qui va aux Grenussons héritiers de Jacques RullierJean Chebinaud héritiers de Pierre Brandy
 C. Aux Auseures pièce de terre avec du bois 4 jx 700 £ chemin de Cognac à Matha route des Grenussons Michel Coupilleau (fossé entre deux) héritiers de Pierre Brandy
 D. champ de l’Islepièce de terre avec du bois9 jx 865 £Jeanne Chebinaudchemin de Matha à CognacPetit champ (E)plusieurs particuliers
 E. Petit champpièce de terres avec arbres6 jx550 £champ de la métairie de l’Islechemin de Matha à Cognacvigne appelée le PlantisChamp de l’Isle (D), fossé entre deux
 F. petite chaume (1 ormeau testard)1 jal 50 £ Sr Gabeloteau chemin de Matha à CognacChamp de l’Isle (D)chemin Mesnac-Vignolle
 G. Terre au Picqpièce de terre 10 jx (dont 1 de chaume ou pré au midi)1 400 £ pièce de la métairie de l’Islechemin de Matha à Cognacchemin Mesnac-Vignollejardin dépendant de la métairie de l’Isle
 H. Terre du Pontetpièce de terre (avec chaume au milieu)3,5 jx 250 £ chemin de Matha à CognacBoutelleau et autresPierre Heurgonneau chemin Mesnac-Pontet
 I. Sablonpièce de terre2 jx (y compris des troux que l’on a tiré du sable)100 £ Daniel Suire chemin Mesnac-PontetDaniel Suire héritiers de Jean Boutelleau
 J. Sablonpièce de terre (avec chaume au midi)1 jal 60 £ Daniel Suire  chemin Mesnac-Pontetmineurs Tirat chemin Mesnac-Pontet
 K. Tartifumepièce de terre (champ)2,5 jx 250 £ chemin et pré de la mét. de l’Islepré et chaume de la Bordrië + mét. du Logisdouë séparant de la Bordriëmottes (M) 
 L. Rouchailpré-marais 2 jx 120 £ petit pré de la Bordrië et chaume (M)rivière du moulin de Chazottedouë séparant de la BordriëFossé du Roy 
M. Les Mottes petite motte avec bois1,5 jal 150 £ pré de la mét. de l’IsleRouchail (L) Tartifume (K) Fossé du Roy
 N. Pré du moulinpré avec arbres 2 jx450 £Nivaudrie (mét. de l’Ile)rivière du moulin de ChazottePré des Reguins (fossé)pré du moulin de Chazotte
 O. Gripelietpré 0,25 jal 40 £ champ de Boutelleau L’Ouche naigre (noire)Boutelleau Boutelleau 
51,75  jx 6 435 £ 

Bastimens de la mestairie appellée l’isle du chateau de Mesnac : les appartemens bas […] consistent dans deux chambres, un appartement appellé pavillon, un autre appartement entre ledit pavillon et la grand chambre et un autre appellé fourniou, où nous avons observé… que toutes les fermetures de portes et fenestre sont en partie usée et néanmoins serviables et qu’il ny a qu’une seulle serrure à la chambre du mestayer seullement ; la fermeture de la porte qui est entre laditte chambre et le pavillon est inserviable. Et etant montés dans les greniers au dessus des dits appartemens bas nous avons observé… qu’ils sont très mauvais, percés en differens endroits, que les fermetures de portes et fenestre sont fort mauvaises, qu’il manque même une fermeture à la porte d’entre les deux greniers ainsi que les fenestres et croisées, sauf à la croisée qui donne au levant où il ni a qu’une mauvaise fermeture sans ferrure. Obervé aussi… que la couverture est en bon état.
[Quant aux] granges qui sont au devant de la maison[… ], il n’y a que celle du milieu qui a une fermeture à deux battant sans serrure, verrou ny loquet, dans laquelle il y a une crèche et un ratelier et [dans]celle qui est au couchant, il n’y a qu’une crèche seullement, la couverture du tout en bon état. Les deux petits toits joignant l’entrée de la cour en assés bon état avec leurs fermetures passablement serviables sans ferrures que deux gonds et deux ardivelles chacunes.

[Le bétail de cette métairie] consiste en quatre boeufs de tire, deux vaches égallement de tire et deux jeunes tores d’age d’environ quinse mois et une petite jeune tore d’age de huit jours, [le tout estimé] de la valeur de la somme de treize cent soixante livres, ci… 1360 #

[Pour ce qui est des terres], il y a environ la quantité de trois cents sillons en trois differentes parties qui peuvent former environ le nombre de onze journeaux qui sont actuellement [novembre 1788] ensemencées en froment, et sur lesquels onze journeaux, […] il doit avoir été employé la quantité de quinze boisseaux de froment pour l’emblavement. […] Outre les onze journeaux cidessus, il y en a environ cent cinquante sillons aussi en trois parties qui peuvent former la quantité de six journeaux; qui [sont] actuellement aussi emblavés en froment [et où] il doit y avoir esté employé la quantité de sept boisseaux de froment. [Il y a de plus] cinquante sillons pouvant former environ deux journeaux qui sont actuellement ensemencés en avoine [pour une quantité évaluée à] trois boisseaux et demy [ainsi que] quinze sillons [couvrant un demi-journal] semés en coupage [un boisseau et demi] et treise sillons [un « quard » de journal] semés en lin [environ deux picotins]. Plus onze journaux de « guéret franc » (jachère).
Enfin, 72 livres pour une charrette, une charrue, des juilles et autres harnais.

Notes. Le petit bâtiment qu’on discerne sur le cadastre napoléonien (voir L’Isle) était donc un « fourniou » ! En janvier 1787, le bétail se composait de deux gros bœufs de cinq ans (450 £), de deux veaux de vingt mois (180 £) et de deux vaches de sept ou huit ans (180 £). Avec la naissance de trois taures, le “croît vif » s’établirait donc en vingt-deux mois à 550 £ (?). À la même date, le notaire avait trouvé deux charrues « ou versour à roues » avec la charrette au « chartis bois d’ormeau assez bon » mais aux « roues inserviables », le tout estimé avec les jougs et harnais à 75 livres.
On notera que le procès-verbal ne s’intéresse qu’à la trentaine de journaux ensemencés en céréales (ou, originalité de cette métairie, en lin), négligeant notamment les prés.

Située à proximité de Vignolle. Dans les années 1950-1960, il n’y avait plus là que la scierie Roullin, auparavant installée à l’Isle, dans le pré entre les maisons et la rivière. Maintenant, il ne reste plus rien.

consistancesuperficievaleurau levantau couchantau nordau midy
 A’. Dans la prairie de l’Oeilleaupré1 jal200 £pré de la mét. du logis de l’Isle (A)vergnée du Gravellonpré de la mét. du logis de l’Isle (A)vergnée de l’Oeilleau
 B’. audit lieu de l’Oeilleau pré3 jx 500 £chaussée du moulin de Chazottevergnée de l’Oeilleaupré de la mét. du Logis (A)Pré Rong (nauve entre deux)
C’. Pontet pré avec arbres2 jx300 £chemin du Pontet à MesnacTartifume (K) chemin qui va à Mesnacpré de la Métairie neuve (A**)
 D’. Les petits champspièce de terre10 jx700 £Grolletterres de la mét. du Logis Plantis de Mesnacterres de ladite métairie
 E’. Terrages du prieurpièce de terre2 jx (aux six un des fruits)80 £La Passe (G’)Mre Giraudchemin de Mesnac à Pain-PerduLa Groge (F’)
F’. La Grogepièce de terre avec arbres2,5 jx260 £La Passe (G’)plusieurs particuliersTerrage du Prieur (E’)chemin Mesnac-Vignolle
G’. La Passe pièce de terre avec arbres 12 jx1 400 £ Champ des Vignes (fossé et palice entre deux)La Groge (F’)Jean Brandy, dit La Marche chemin Mesnac-Vignolle
 H’. Terre au Picq pièce de terre avec arbres 9 jx1 000 £chemin Mesnac-mét. de l’Isleterre de la mét. du Logis (G) chemin Mesnac-VignolleTerres & pacage de lad. mét. (L’)
I’. Le Renfermispièce de terre avec arbres3 jx1 000 £chemin au pacage de lad. mét. (fossé entre deux)terres du Logis (?)Terre au Picq (H’)pacage de lad. mét. (L’)
J’. La Groixpièce de terre et chaume avec arbres12 jx1 300 £Groix de Vignollebastimants de lad. mét.chemin Mesnac-VignolleRenfermis de Bellot
 K’.chaume2 jx700 £ Terre au PicqRenfermis (I’) bastimants de lad. mét.jardin et pré de lad. mét. aboutant sur la mét. neuve
 L’. Les Bellinspaccage (partie en motards et buissons d’épines)4 jx 400 £Pré de la Pointedomaines de la mét. neuvePetit Renfermis (I’)aboutant sur
 M’.pièce de pré joignant la maison dans laquelle est une petite ouche renfermée de palice8 jx dont 2,5 au midi en motards qui ne serve[nt] que de pacage2 000 £La Groix (J’)terres de la mét. neuve bastimants de lad. mét. motards des Belins (L’)
 N’. Champ du Pré des Fragnespièce de terre3,5 jx175 £Groix de Vignollepièce de terre de lad. métairieGrolletchemin joignant le pré du frègne (?)
 O’. Champ du Fresgnepièce de terre avec arbres 0,33 jal30 £chemin Vignolle-CognacBoüard ?Groix de Vignolleaboutant sur le chemin du Fresgne
 total74,3 jx10 045 £

En 1787, cette métairie était tenue par “François Poupard, colon partiaire”. S’y trouvaient six bœufs de trois à six ans (1 080 £), deux petits bœufs de deux ans (150 £), trois vaches de trois à cinq ans (260 £) – soit un total de 1 490 livres. Près de deux ans plus tard, on enregistre toujours six bœufs (“de tire”), mais seulement deux vaches ; en revanche s’y ajoutent deux veaux et quatre taures (dont deux de l’année) et, pour 24 livres seulement, deux moutons, deux brebis avec chacune leur agneau de l’année et une jeune brebis. Le tout aurait fait 2 234 livres…

Les bâtiments consistent en deux chambres, l’une avec porte fermant à clé et petite fenêtre, l’autre nettement moins bien close et surmontée d’un grenier, de deux étables, l’une pour les bœufs , l’autre pour les vaches et le jeune bétail, et d’une grange à foin. Les terres ? Quinze journaux ensemencés en froment « et quatre differentes parties » où l’on a employé 29 boisseaux de semences. Plus huit journaux en deux pièces ayant reçu seize boisseaux d’avoine et douze journaux en « guéret franc ». Le matériel, estimé à 195 livres, comporte cette fois deux charrettes en sus de la charrue.

Peut-être une ancienne dépendance de l’Isle, compte de tenu de l’intrication des terres. Y “reste un nommé Mesnié”, au statut incertain. Produit annuel : 120 livres.

 consistance superficie valeur au levantau couchantau nordau midy
A ». Champ de la Bordriepièce de terre devant la maison d’icelle5 jx1 500 £chemin Pontet-Mesnacvergnée du Rouchailaux bastimantsTartifume (fossé entre deux)
B ». Petit Pré de la Bordriepré15 carreaux20 £Tartifumepré du RouchailChamp de la Bordrie (A »)chaume de Tartifume
C ».pièce de motte divisée en 5 parties1,5 jal600 £« confrontant de toutes parts au douë de l’ancien chasteau de lisle estant derrière le logis dudit lieu de l’isle où est aujourdhuy la meterie »    
 D ».pré marais2 jx400 £pré de la mét. du Logis de l’Isleris de l’Oeilleaupré de laditte meterie (du Logis ?)  
 total < 9 jx 2 520 £

“On estime que la métérie neuve doit produire annuellement la somme de 425 livres. [D’une autre main :] Cette métairie contient cent journaux de terre labourable, pré, sans compter les prés marais.”

  consistancesuperficievaleurau levantau couchantau nordau midy
A*. Le Pré Rong pré3 jx400 £rivière du moulinvergnées parsonnièrespré de la mét. de l’Islepré de la mét. de chez les Noirs
 B*. Les Reguinspré et chaume avec arbres7 jx900 £chemin Cognac-MathaPré Rong (rivière du moullin de Chazotte entre deux)Pré du Pontet (fossé du Roy entre deux)Terre de la Nivaudrie (fossé entre deux)
 C*. Le Grand Prépré, derrière les bastimants de ladite mét.10 jx1 000 £Petit bois du Boisson (F*)chemin Cognac-MathaPontet (D*) (Fossé du Roy entre deux)issuë et héraud de lad. mét.
D*. Le Pontetpré2,5 jx250 £Les Claudriës (G*)pont du Pontetjardin du Pontet (E*)Le Grand Pré (C*) (Fossé du Roy entre deux)
E*. Jardin du Pontetpièce de terre ou jardin1,5 jal400 £pacage ou Belins de la mét. de l’Islemotte du nommé Mesniépièce de terre ou chaume de la Terre au Picq (mét. du Logis de l’Isle, G)Pré du Pontet (D*)
F*. Bois du Buissonpièce de bois en buissons sur laquelle il y a différans testards entourée d’anciens fossés2,5 jx500 £Les Petits Champs (H*)Le Grand Pré (C*)Les Claudries (G*)Le Grand Pré (C*)
G*. Les Claudriespièce de terre18 jx1 300 £Pré des Fresnespré de lad. métairie (D*)pré pacage de la mét. de l’Isle (?)Fossé du Roy
H*. Les Petits Champspièce de terre (fossé au milieu pour l’écoulement des eaux)16 à 17 jx1 700 £chemin Cognac-Vignollechemin de servitude de lad. mét. aux ClaudriesClaudries (Fossé du Roy entre deux)autre dhomaine de lad. mét., chemin de servitude entre deux
I*. La Varennepièce de terre (1,5 jal de chaume au midy)25 jx2 000 £chemin Cognac-Mathaissuës de lad. mét. (fossé entre deux)Bois Jannot (fossé entre deux)
J*. La Nivaudriepièce de terre (partie en chaume)10 jx600 £chemin Cognac-Thorspré de la mét. du Logis (N)Reguins (B*)chaume parsonnière entre le moulin de Chazotte et lad. mét.
K*.chaume servant de pacage et faisant partie du héraud de lad. mét.1 jal200 £« puy » de lad. mét.chemin Cognac-Matha Le Grand Pré (C*)La Varenne (I*), chemin entre deux
total87,5 jx9 250 £

1788 : la maison du métayer, Pierrre Joyaux, laboureur, « consiste en une chambre basse, un chai acosté au couchant, une écurie à la suitte et un petit toit au devant ». « Les autres bastiment de laditte mestairie concistent dans deux granges tant à foin qu’à boeufs et à brebis[, à costé de la chambre du métayer] ; la première au couchand a ses fermetures d’une porte fort vieille […] et d’un portail presque neuve […], la seconde au levant ayant deux portes [au nord et au midi].
Le bétail se composait de « quatre gros boeufs de tire, deux jeunes vaux de trois ans, six vaches et un petit vau de l’année ». Valeur estimée : 2 062 livres. L’année précédente, on parlait de six bœufs de 3, 5 et 6 ans (1 100 livres), de quatre vaches de trois-quatre ans et huit-neuf ans (200 £) et de deux veaux et une taure d’un an (140 £), soit un total de 1 340 livres. 
« Les guérets francs l’année présente sont en quatre differentes parties et consistent scavoir dans la piece des Petits Chams en deux cent sillons, dans la pièce de la Varenne cent vingt sillons, dans la pièce des Cloudis cent huit sillons, dans la pièce de la Varenne près le bois Jannot soixante sillons, pouvant former en tout [blanc] journeaux. [En outre], il y a environ vingt sept journeaux de semés en froment » à raison de 36 boisseaux.
Enfin, une « vielle charrette, une charrue et les arnois ordinaires » ont été évalués à 120 livres. (en 1787, on était plus précis et plus sévère : “une vieille mauvaise charrette, un versour à ruelle avec atteloir”, estimés avec les harnais à 86 livres seulement.)

Notes : la présence d’un chai intrigue. Il n’est fait mention de futailles et de matériel de vinification qu’à Château-Chesnel même, et la liste des parcelles ne fait état d’aucune vigne (excepté celles du Plantis de Mesnac, mais qui sont hors métairies)…

“moullin composé de deux roues” estimé à 8 230 livres. Mais “on estime que les moullins Chazotte et ses dépendances ne doivent produire annuellemant de net que 600 livres à cause des réparations quil y a à faire aux dits moullins, avec les cinq pièces de dhomaine qui sont comprise dans la préclosture estimé la somme de 2 820 livres”.
D’autre part, en marge, quelqu’un a annoté les pièces B à E : “payé en Mesnac / l’imposition”. Le bail consenti en 1646 par Jozias Chesnel l’a d’ailleurs été à “Pierre Besson, meusnier, demeurant aux moullins de Chazottes paroisse de Mesnac”. On trouvera sur le site Histoire-Passion ce document, qui fait état de deux moulins, un “noir” pour le seigle et un “blanc” pour le froment. Quelques compléments et correctifs seulement : une “serre” est une scie (dictionnaire de Godefroy) ; les “rix” sont les ris (ruisseaux) ; “berches » = brèches ; au lieu d' »arsure », lire “tesure » (ensemble de filets) ; “les enguille de feurne » (voir lexique supra).

 consistancesuperficievaleurau levantau couchantau nordau midy
A.  pièce de terre où estoit autrefois la glassière, faisant un triangle3 jx 900 £fossé faisant separation davec la terre de la guérenne (Mét. Vieille)route entre l’ancien jardin et lad. pièce de terrechemin du moullin au chemin de Mathadouë de l’ancien château de Chazotte
B.pièce de terre et motte (chaume)2 jx600 £située entre le chemin conduisant du moullin au chemin de Matha et le pré C issuës du moullinchaume parsonnière entre le chemin conduisant du moullin au chemin de Matha et le pré C
C. Pré du Moullin pré5 jx2 000 £chaume B, fossé entre deuxrivière du moullinNivaudrie (mét. Neuve, J*)chaume B
D. chaume commune pré pacage allant en pointe2 jx200 £chemin de Mathapré C Nivaudrie (J*)chemin de Matha
E. clos ou marais renfermé de murs en mauvais état1,5 jal300 £rivière du moullinpré marais (C ou F ?)vergnée du Pré Rongfeurne du moullin
F.pré ou marais7 jx700 £rivière du moullinvergnée parsonnièrePré Rongvergnée du Pavillon
G. l’ancien jardin clospièce en partie en jardin, close d’anciens murs au coin de laquelle estoit le pavillon2 jx600 £route de servitude du moulin pour aller au champ nommé Grand Jardin (H) rivière du moullinbastimants du moullindouë de l’ancien chasteau
H. Grand Jardinpièce de terre3 jx900 £Champ des Antesrivière du moullindouëPons Galland
I. Petit Jardinpièce de terre près le pont Galland1 jal300 £Le Parcrivièrechemin du pons Gallandchenebard de la mét. vieille
J. chausséeavec du bois1,5 jal120 £L’amplacemant de la chaussée du costé du levant a prandre depuis led. moullin jusque au bout du pré Galland ou à la vesne (ou vergnée) de David
K. chausséeavec bois?150 £La chaussée dud. moullin du costé couchant a prandre depuis le dit moullin allé jusqu’au pons du logis de l’Isle
totalenv. 30 jx6 770 £

La valeur est estimée à 15 000 livres y compris le moulin.

Certaines appellations se retrouvent dans le cadastre actuel, mais souvent déformées, soit en raison d’une mauvaise lecture, soit parce qu’on n’en comprenait plus le sens et qu’on leur a substitué un terme connu. Ainsi les Oeillau (ou l’Oeillau) sont devenus l’Euliaud et la Terre au(x) Picq, renvoyant vraisemblablement à la même famille que la Croix de(s) Picq en Cherves, a été rebaptisée “Terre aux Pies ». La Nivaudrie et les Claudries, qui tiraient peut-être leur nom d’un patronyme, se retrouvent sous la forme La Miraudrie et, ce qui est plus étrange, Les Cloutis. Les Reguins figurent encore dans le cadastre de 1822, mais avec l’orthographe “Regains”, qui est celle qui s’est imposée. Quant aux Ausseures, terres qui devaient être détenues à l’origine par les seigneurs du Seure (dont c’est l’ancien nom), elles sont maintenant enregistrées au cadastre comme “Les Hauteurs”  ! C’est sûrement du fait d’une erreur due à l’ignorance que La Groge (“terre caillouteuse”, synonyme de “groie”) s’est trouvée transformée en “La Grange”, dénomination étendue depuis à tout le secteur compris entre Le Millery et  le Champ des Vignes, y compris donc aux Terrages du Prieur et à La Passe.  Cas peut-être pas unique, cette dernière dénomination était elle-même une altération (déjà !) : il faut y reconnaître Les Lepasses (bardanes), terme rencontré dans un document de 1658 relatif à Pain-Perdu

Sablon, Gravellon, Groie et Groge : tous ces termes renvoient à la nature graveleuse des parcelles. Il faut peut-être y ajouter « Gripeliet / Gripillet », si l’on rapproche le mot de “grippail : sable argileux, caillouteux et très compact” (Musset). La proximité du marais est également sensible, avec “nauve”, “rouchail” et ce Tartifume, “Tard-y-fume”, qui suggère la persistance de brumes matinales dues à l’humidité. Quant au pacage des Belins, il porte bien son nom : les “belins” sont les béliers. La “Varenne » (qui est ici comprise dans Cherves, et non celle de Mesnac) était aussi une “terre inculte où l’on fait paître le bétail”.

La carte qui suit situe plus ou moins exactement toutes les parcelles citées plus haut. On n’a tenu que légèrement compte des superficies indiquées, approximatives comme il est dit, et on a donné la priorité aux confrontations, mais celles-ci apparaissent parfois contradictoires (par exemple s’agissant des Oeillaux) ou difficiles à reporter sur un cadastre qui a bougé : il est possible, ainsi, que la partie méridionale de la métairie de l’Isle soit moins compacte, plus ajourée (le pré de la Pointe en fait-il ou non partie ?) et le puzzle autour des Belins ne peut être aisément reconstitué.